Fédération Autonome de la Fonction Publique

Nîmes : notes discordantes autour de l'avenir du conservatoire Thierry Garzio et Jean-Luc Pena (FA-FPT) sont inquiets.

Par GUILLAUME RICHARD

Selon un syndicat, son statut et la subvention de la Drac sont menacés.

Le conservatoire de musique, danse et art dramatique est-il menacé sous sa forme actuelle ? La structure qui accueille 1 200 élèves est dans l'incertitude. La suspension de la directrice Anne Sornay, le 2 octobre dernier, pose en effet un problème à la ville. "Cette fonctionnaire territoriale avait été recrutée en présence d'un inspecteur du ministère de la Culture", rappelle Jean-Luc Pena (FA-FPT).

"Ce recrutement est lié au diplôme le plus élevé possible - le certificat d'aptitude aux fonctions de directeur de conservatoire - dont Anne Sornay est titulaire. Ce diplôme permet un classement “à rayonnement départemental” du conservatoire, et donne droit à une subvention de 80 000 € par an de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles)", précise Thierry Garzio, secrétaire national aux affaires juridiques.

"Elle avait obtenu la protection de sa hiérarchie"

Il y a quatre mois, la directrice du conservatoire avait été suspendue par la Ville, suite à des “relations conflictuelles avec les enseignants et les parents”, selon le communiqué publié le 2 octobre dernier. Il était reproché à Anne Sornay son “autoritarisme”, des “dysfonctionnements” et une détérioration de “l'image de la ville”. Une enquête interne avait été diligentée.

Ce jeudi 1er février, le rapport d'enquête a été lu en commission administrative paritaire de catégorie A. Il y est notamment mentionné une “dégradation significative de la qualité et de la diversité de l'enseignement”. “Si l'enquête était aussi accablante, pourquoi la Ville vient-elle de lui proposer un poste de “chargé de mission des pratiques culturelles et nouveau conservatoire””, interroge la FA-FPT ?

“La procédure n'a pas été respectée, notamment parce que le conseil de discipline a été annulé, poursuit le syndicat, qui rappelle que les deux précédents directeurs étaient partis avant le terme de leur contrat, ce qui dénote un contexte difficile”.

“Elle avait été recrutée pour réformer et faire avancer le conservatoire, mais aussi y mettre de l'ordre, rappelle la FA-FPT. Il s'agissait aussi de piloter le déménagement de la structure vers les Carmes. Initialement prévu en 2018, celui-ci n'aura pas lieu avant 2025, la faculté des sciences ne partant qu'en 2022”. La directrice, une Lyonnaise, avait été recrutée à l'unanimité en juin 2016, après avoir occupé le même poste pendant huit ans au Mans. À Nîmes, ce fut visiblement très conflictuel.

“Elle avait demandé et obtenu la protection de sa hiérarchie, suite à des agressions verbales et des vols de matériel, rappelle le syndicat. Et peu après sa suspension, une pétition rassemblant 367 signatures avait été remise en mairie”. “En l'absence de garantie des droits élémentaires de cette fonctionnaire, nous irons devant le tribunal administratif”, a prévenu la FA-FPT.

Selon la FA-FPT, "les 1 200 élèves pourraient ne plus avoir accès aux deux diplômes d'études (musicales et chorégraphiques). Si c'était le cas, beaucoup iraient donc voir ailleurs". À titre indicatif, 39 jeunes ont été diplômés cette année.

Le syndicat est d'autant plus inquiet pour le sort du conservatoire que "depuis le comité technique du 19 janvier, c'est un chef de service des enseignements artistiques et des arts vivants qui remplace le directeur. En poste depuis lundi, elle n'a pas de compétence en matière musicale et chorégraphique !" Et Jean-Luc Pena de conclure : "Ce n'est pas un problème de revoir son offre culturelle à la baisse. Mais il faut l'assumer et éviter de faire porter le chapeau à l'ex-directrice".

Source : Le Midi Libre