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Rapport Thiriez : des propositions pour diversifier la haute fonction publique

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Faible diversité sociale et géographique, sur-représentation des hommes, le constat de la mission Haute fonction publique est sans appel. Remis le 18 février, le rapport entend décloisonner, diversifier et dynamiser. Au cœur du projet : réorganiser la formation et renforcer les ressources humaines.

C'est à l'issue du Grand débat national que Frédéric Thiriez a été missionné pour proposer des pistes pour une réforme de la haute fonction publique et notamment de sa formation par l'Êcole nationale d'administration (ENA). Le rapport de la Mission haute fonction publique, remis au Premier ministre le 18 février 2020, formule 42 propositions.

Nouvelle organisation des formations : cursus commun et refonte de l'ENA

Pour créer une "culture commune", le rapport Thiriez préconise une formation initiale pour tous les futurs cadres supérieurs des sept grandes écoles de service public (y compris l'École nationale de la magistrature et l'Institut national des études territoriales - INET). D'une durée de six mois, ce tronc commun comprendrait trois semaines de préparation militaire, trois semaines consacrées à l'encadrement des jeunes du service national universel et quatre mois de stage opérationnel.

L'École nationale d'administration (ENA) deviendrait l'École d'administration publique (EAP). Envisagée comme une école "plateforme" sur le modèle de l'École normale supérieure (ENS), elle regrouperait les administrateurs d'État et les ingénieurs.

La mission Thiriez est par ailleurs favorable à la suppression de la "botte" qui permet aux meilleurs dans le classement de sortie de choisir les grands corps (Conseil d'État, Cour des Comptes, Inspection générale des finances).

Pour favoriser la diversité des profils, le rapport suggère de nouvelles modalités de recrutement dans les grandes écoles. Si le principe du concours n'est pas remis en cause, le document envisage de modifier les épreuves pour "étudiant" (suppression de la culture générale, par exemple) et de simplifier les différents concours (création d'un concours interne unique, mutualiser les épreuves communes, notamment).

Autres pistes pour une haute fonction publique plus représentative, la création de 20 classes préparatoires et d'un concours spécial "égalité des chances". Par exemple, pour renforcer la diversité à l'École polytechnique, le rapport propose la généralisation d'internats ouverts toute l'année accordés en priorité aux boursiers ainsi que la création de nouvelles classes pré-CPGE.

Dynamisation des carrières : un renforcement des ressources humaines

"L'État s'intéressant d'avantage au statut qu'aux personnes elles-mêmes", la mission Thiriez en appelle à une véritable "révolution copernicienne". Faire de la direction générale générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP) une "véritable DRH groupe" et renforcer les DRH ministérielles permettrait de dynamiser la gestion des cadres supérieurs de l'État.

La DGAFP serait alors chargée du pilotage stratégique des hauts fonctionnaires : centre de ressources et d'expertise, animateur de réseau, identification de filières d'avenir, etc. Quant aux ministères, les services en charge de la gestion du personnel devraient être plus stratèges et centrés sur les compétences.

Autres possibilités encourageant la mobilité : la reconnaissance juridique de la catégorie A+ et la fusion des corps (les différentes inspections générales seraient regroupées dans une inspection générale de l'État, par exemple).

La gestion des carrières devrait également être renouvelée : publication des postes vacants, évaluation des besoins en ingénieurs, création d'un Institut des hautes études du service public, etc.